mercredi 6 décembre 2006

Dernières nouvelles du pôpa canadien errant

Bonjour la famille,

Je suis maintenant à 3 jours de mon départ d’Afrique. Mon dernier mandat du mois est presque terminé. Mes derniers cadeaux de noël achetés, quoique ici la variété ne soit pas très étendue. N’empêche j’ai quand même réussi à dégoter quelques surprises d’artisans locaux.

Depuis mon dernier message, il ne s’est rien passé de très notable sinon qu’hier j’ai eu droit à une manifestation civile devant ma porte. Rassurez-vous je n’étais pas en cause. Sauf que de chaque côté de ma résidence habitent (ou habitaient en fait) deux des directeurs de l’entreprise, un peu magouilleurs. Corruption quand tu nous tient… Il se trouve que pour diverses raisons politiques, les mères de famille du coin ont expulsé il y a quelques semaines vers Conakry une bonne douzaine d’indésirables dont on a jugé qu’ils avaient dépassé les bornes en matière de « bougonneries ». Les épouses étant apparemment revenu en douce, elles se sont fait « spotter » et la nouvelle s’est vite répandue. La réaction du comité de « vigilante » local ne s’est pas fait attendre et le message a vite été passé. C’est le Vieux Condé, mon gardien de résidence, qui m’en a donné l’explication. Quand j’y pense, je me demande si cette coutume ne devrait pas être importée chez nous.

Enfin c’est à peu près tout sous le soleil (assez chaud d’ailleurs). J’espère que le voyage se passera bien ce week-end. Si tout va bien on devrait se voir dimanche en après-midi. Je serai bien content de revenir dans mes pantoufles.

Je vous embrasse,

À bientôt

Papa.

XXXXXXX

vendredi 1 décembre 2006

panne de courant...

Bonjour,
Nous sommes le 1er décembre. Ce qui suit a été écrit le week-end dernier. Nos problèmes d'internet sont enfin résolu (je crois???). J'en profite pour vous l'envoyer immédiatement.
Je vous enverrai bientôt un autre message.

Bonjour la famille,

Difficile à croire, mais la routine a commencée à s’installer. Après deux semaines, même ce qui me semblait dépaysant commence à paraître « normal ». On s’habitue à tout environnement je pense. Encore deux soirée d’expatriés au Sawmill cette semaine. On a socialisé, les gens sont très correct.

Côté travail j’ai eu une semaine tranquille et presque prévisible. Mon unique problème c’est encore de faire avancer les gens de mon groupe de travail. Comme je l’ai déjà mentionné ils sont de bonne volonté mais parfois dissipés et ils sont encore accrochés à la vieille mentalité de patron décideurs versus employés obéissants et peu enclins à l’initiative. Faut les booster pour qu’ils se bougent. Heureusement il y a quelques exceptions et en bout de ligne ils fournissent tous un travail très honnête.

La CSST aurait du travail plein les bras ici. Seulement cette semaine, 3 personnes sont mortes sur la voie de chemin de fer. Le premier est un contremaître : paraît qu’il dormait assis sur la voie ferrée… Faudrait peut-être essayer çà au milieu de la Métropolitaine ou du tunnel Louis-Hyppolite. Le second, j’ignore si c’était un travailleur. Quand à la troisième, malheureusement on m’a dit qu’il s’agissait d’une fillette qui se serait aventurée trop près de la voie ferrée. Quelle est la part de vérité de tout çà, j’ignore. Mais c’est triste dans tout les cas.
C’est ce week-end qu’il y a eu de l’imprévu : les pannes de courant sont assez fréquentes. Chez nous on capote après 1 heure de manque d’électricité. Ici c’est quasi quotidien et on s’y fait un peu mais ce week-end nous avons été particulièrement affecté. On a subit environ 12 heures de délestage dans la nuit de vendredi à samedi et quelques 6 heures dans la nuit de samedi à dimanche. Puis au moment de vous écrire dimanche matin çà viens de retomber de nouveau. Je fonctionne sur la batterie de mon portable qui n’a malheureusement qu’une survie de 5 minutes.
(Interruption de 12 heures entre le paragraphe précédent et ce qui suit, causé par la mort de ma batterie et un délestage). Je continu donc dimanche soir…

Nous avons donc encore été délesté d’électricité 12 heures Dimanche de jour. Nous sommes aussi privés d’internet depuis vendredi. Pour expliquer tout çà on a appris qu’une partie de la ligne téléphonique avait été volée… Ici on vole le cuivre paraît-il. . Comme c’était une ligne souterraine ils auraient aussi bousillé les lignes d’électricité, ce qui expliquerait aussi les pannes de courant plus sévères. Le problème c’est que çà nous empêche aussi de téléphoner à l’étranger. Donc, l’appel que je devais vous faire ce week-end n’a pas eu lieu et j’ignore quand je pourrai le faire. J’espère que vous ne vous êtes pas trop inquiété.

On a du se débrouiller pour manger Dimanche soir sans électricité. On s’est finalement fait un superbe souper charcoal: steak de filet mignon (à 1.25 $ la portion, fillon t’en parlera à Daniel), pommes de terre sauté, champignons et asperges (en boîte), vin…. Finalement on a pas trop souffert de notre souper à la chandelle. Ce sera même l’un des meilleurs souvenirs du voyage. Mais la journée a été tranquille à lire et sommeiller.

Samedi matin je suis retourné au Marché, là même où j’ai eu à discuter avec la force constabulaire locale la semaine dernière. Mais cette fois-ci, pas de problème : je n’avais pas de caméra et j’étais accompagnée de Myriam, une jeune Guinéenne compagne d’un expatrié rencontrée au Sawmill. Elle m’a servi d’interprète et elle m’a facilité les négociations pour quelques achats. Si tout va bien Danielle tu aura une bonne surprise.

C’est capotant ce marché. C’est comme un Marché Jean-Talon mais très dense où les étals sont constitués de murs de maçonnerie et de toits de tôle d’environ 4 mètres X 4 mètres avec parfois des étagères qui croulent littéralement sous les produits. Au mètre carré il n’y a pas grand espace de perdu. Une portion du marché est couvert et les couloirs sont par endroit d’une largeur variant entre 1 et 2 mètres avec un plafond à peine un demi-mètre au dessus de ma tête. Un peu labyrinthe et pas très éclairé par ailleurs.

À l’extérieur, entre les rangés de ces étals, il se trouve aussi un foule de petits marchands entassés les uns sur les autres et qui occupent chacun tout au plus 2 mètres carrés d’espace, parfois avec une table mais aussi souvent assis sur une natte à même le sol. La surface du marché doit être approximativement celle de La Place Pointe-aux-Trembles mais il doit bien s’y trouver 400 marchands. Alors vous imaginez la densité.

Dans cet endroit, on y trouve absolument de tout : fruits, légumes, poissons séchés ou frais…, conserves, épices, farines, riz africain, tissus, savons, cosmétiques, huile de carité, cellulaires, vêtements, chaussures, appareils électriques, bijoux, casseroles, ustensiles et d’autres que j’oubli. Il y a à peine l’espace pour se mouvoir entre les rangées. C’est aussi plein d’odeurs diverses. Très vivant, les gens sont sympathiques. Pas besoin aussi de vous dire que j’étais le seul « fôté » dans le coin et Myriam se faisait constamment demander si j’étais son mari. Je faisais un peu étrange dans le décor. Ayant la chance d’être accompagné de mon guide, je crois bien être un des rares à s’être aventuré aussi loin.

C’est pas mal tout je crois. Plus que deux semaines à faire avant qu’on se retrouve. J’ignore quand je pourrai envoyer ce Email. Espérons que ce ne sera pas trop tard.

Je pense à vous, je vous embrasse.

Pôpa,
XXXXX